Mission de l’Institut Jonathas : combattre l’antisémitisme

Créé à la suite des événements tragiques du 7 octobre 2023, l’Institut Jonathas se donne pour mission d’analyser les dynamiques de l’antisémitisme et de les contrer. Nos actions se concrétisent dans le champ universitaire, journalistique, politique, juridique et s’ancrent sur le territoire belge. L’Institut Jonathas est composé d’académiques, d’auteurs, d’experts en communication et d’avocats.

Fondateurs de l’Institut Jonathas

Joël Kotek

Professeur à l’Université Libre de Bruxelles, auteur d’une trentaine de livres, notamment sur la Shoah, l’antisémitisme, l’Europe et les génocides du 20ème siècle, représentant belge auprès de l’IHRA, membre du CA du CCLJ, membre de conseils scientifiques (musée de la Shoah à Malines, ISGAP, Yahad in Unum…), Docteur en Sciences Politiques de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris.

Viviane Teitelbaum

Femme politique, Sénatrice, députée bruxelloise de 2004 à 2024, ancienne échevine à Ixelles, féministe universaliste luttant contre le racisme, l’antisémitisme, le sexisme et les discriminations, ex-présidente du CCOJB, auteure de dix livres et contributrice à plusieurs ouvrages collectifs, licenciée en journalisme et communication sociale (ULB), master en relations internationales (University of Southern California, USC).

Richard Laub

Entrepreneur, dirigeant d’une entreprise de sourcing mondial qu’il a créée en 2005, après 15 ans de carrière dans le conseil en stratégie, ex-partner d’Accenture et de Booz Allen Hamilton, fondateur de l’ONG Stand Up for Europe, intervenant régulier à Radio Judaïca, ingénieur commercial (Solvay Business School) et MBA de Carnegie Mellon University.

Doubi Ajami

Entrepreneur pragmatique, passionné par l’innovation IT, les crypto-monnaies et la blockchain, fondateur de plusieurs entreprises dans l’informatique et la consultance en Belgique, dirigeant aujourd’hui de ASP (Advanced Service Provider), ingénieur commercial (Solvay Business School).

Marina Blitz

Avocat au barreau de Bruxelles, spécialiste en droit familial et patrimonial de la famille et droit international de la famille, ancien membre du Conseil de l’Ordre, ancienne présidente des commissions famille du barreau de Bruxelles, de l’Ordre des Barreaux Francophones et Germanophone et du Conseil des Barreaux Européens, administrateur de l’UAEJBS

Joël Amar

Conseil indépendant en communication, stratégie, études d’opinion, affaires publiques et gestion de crise, vivant en Belgique depuis 2013, engagé depuis 2003 et jusqu’à aujourd’hui auprès des présidents du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF), diplômé de HEC Paris et de Paris-Sorbonne.

Définition de l’antisémitisme

Le socle politique de l’Institut Jonathas est la lutte contre l’antisémitisme tel que défini par l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) et la lutte contre tout ce qui favorise l’antisémitisme en Belgique. L’IHRA est une organisation intergouvernementale dont est membre la Belgique.

Sa définition de l’antisémitisme a été adoptée par les 35 Etats membres le 26 mai 2016, par le Parlement européen le 1er juin 2017, par le Conseil européen le 6 décembre 2018, ainsi que par les institutions de nombreux Etats-membres, dont le Sénat belge (10 décembre 2018).

La définition de l’IHRA est le fondement de la stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive, présentée par la Commission en octobre 2021. A travers onze exemples qui se veulent non exhaustifs, cette définition acte que l’antisémitisme prend différentes formes au gré des lieux, des époques et des crises.

Elle inclut les appels à effacer l’Etat d’Israël, la délégitimation de cet Etat, le refus d’un Etat au peuple juif, ainsi que les distorsions de la Shoah qui aboutissent à la minimiser ou à nazifier les Juifs ou Israël. Elle souligne également que « critiquer Israël comme on critiquerait tout autre État ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme ».

Prendre pour socle politique la définition de l’IHRA est un choix structurant et engageant en Belgique où l’agence fédérale chargée de lutter contre les discriminations, UNIA, n’est pas favorable à cette définition.

Pourquoi ce nom, « Jonathas « ?

Jonathas est le nom d’un Juif accusé à tort de profanation d’hosties à Bruxelles au XIVe siècle. Son histoire est figurée dans les vitraux de la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles.

En 1369, Jonathas, qui vivait à Enghien près de Bruxelles, fut accusé à tort d’avoir volé et profané des hosties, puis assassiné. En 1370, des Juifs de Bruxelles et de Louvain subirent, eux aussi, la même accusation d’avoir profané des hosties volées par Jonathas. Ils furent torturés, jugés et condamnés à mort. Le 22 mai 1370, ils furent brûlés vifs au terme d’une procession qui les soumit, à chaque coin de rue, au supplice de la pince incandescente. Suite à cette accusation absurde et aux crimes antisémites qu’elle entraina, les Juifs quittèrent Bruxelles et le duché de Brabant.

En choisissant le nom de Jonathas, nous ancrons notre action en Belgique et nous posons son enjeu : vivre en Belgique, sans que notre identité juive soit source d’inquiétudes, menaces, haines ou dangers.

Récemment, un journaliste d’investigation italien s’est intéressé à l’histoire méconnue de l’Escalier des Juifs, dernier vestige d’une communauté juive autrefois dynamique au Mont des Arts, à Bruxelles. Découvert par hasard à travers une aquarelle du XIXe siècle, cet escalier symbolisait un quartier animé et prospère, brutalement effacé par le massacre de 1370, où les Juifs furent accusés à tort de profanation et persécutés. Avec les siècles, la colline fut remodelée, et le patrimoine juif disparu sous le béton du réaménagement urbain. Ce silence historique soulève des interrogations sur l’oubli volontaire de cette mémoire collective et rappelle l’importance de préserver les traces du passé pour comprendre l’identité d’une ville.

| Simone Falanca, « L’escalier oublié du Mont des Arts, une histoire enfouie sous le béton », Carte blanche, La libre, 3 février 2025