Le 7 octobre, la Belgique et moi #26

Et si pas maintenant, quand ?

Michel Gheude

01 septembre 2025

Israël est tombé dans tous les pièges que lui a tendus le Hamas le 7 octobre. Deux ans plus tard, cette guerre apparaît de plus en plus comme perdue. Soit Israël « capitule » pour récupérer les derniers otages. Le Hamas reprend les rennes à Gaza et sans doute en Cisjordanie. Tout le monde dira qu’il doit être désarmé et écarté, personne ne le fera. Les pays européens veulent la paix à tout prix. Ce sont des munichois dans l’âme.  Soit Israël intensifie son action militaire avec le risque de perdre les otages, de s’embourber pour longtemps dans l’inévitable mic mac humanitaire et de s’isoler plus gravement encore dans l’arène internationale au moment où il a un besoin immense de soutien. Entre ces deux formes de défaite, Israël est profondément divisé et ce jusqu’au sommet de l’appareil d’état. Dans tous les cas, la tâche de reconstruction sera immense.

Et nous ?

Fracassés par le 7 octobre et par le tsunami antisémite mondial qu’il a libéré, nous retrouvons nos vieux réflexes comme les antisémites ont retrouvé les leurs : nous cacher, nous faire oublier, attendre que ça passe, éventuellement fuir vers des cieux plus cléments. Réactions fermes ? actions ? se faire respecter ? Nada ! Deux ou trois communiqués du CCOJB, quelques bons articles dans Regards ou sur Jonathas, quelques actions pédagogiques dans les écoles, une contre info consolante sur Radio Judaïca. Sinon : silences. Ou pire encore les « not in my name » de ceux qui, consciemment ou non, espèrent échapper à la vindicte antisioniste en se ralliant à tous les poncifs du discours dominant : « génocide », « état criminel », « nettoyage ethnique », etc. « Ne nous faites pas de mal ; nous d’accord avec vous. Bons juifs, je te jure. »

Pendant ce temps, les palestinistes envahissent les bureaux de partis, taguent leurs façades, font du théâtre d’agit prop dans la rue, écrivent Free Palestine sur tout ce qui leur tombe sous la main, multiplient les caricatures antisémites, les slogans, les fake news, arrachent les affiches des otages, écrivent dans des médias de grande diffusion qu’ils rêvent de planter leur couteau dans la gorge de tous les juifs, organisent des « flottilles » avec des starlettes pro-Gaza. Ils défilent à Sidney avec Julien Assange en guest star au milieu de panneaux antisémites et de portraits des ayatollahs iraniens. Ils virent d’un avion des enfants juifs rentrant de vacances, les abandonnent sans nourriture et sans logement. Un ministre espagnol les insulte quand s’élèvent quelques protestations. Les commerçants du quartier Dansaert à Bruxelles, posent des lignes rouges sur leur vitrine pour dire à leurs clients « sionistes » qu’ils les préfèrent dehors que dedans. Nos universités rompent leur collaboration avec les universités israéliennes, tandis qu’elles développent leurs liens avec l’Université palestinienne de Birzeit, et avec celles de Cuba. Des artistes refusent de se produire aux Francofolies de Spa qui ont osé mettre à l’affiche le chanteur Amir, soudain marqué au fer rouge parce que franco … israélien. D’autres profèrent des appels au meurtre sur la scène de Glastonburry. Le Théâtre National Wallonie-Bruxelles présente sa prochaine saison devant un immense drapeau palestinien. Le PS et Vooruit, soi-disant pour la solution à deux états, ne connaissent pourtant qu’un drapeau, le palestinien. Les bagagistes d’aéroport refusent de travailler sur les vols à destination d’Israël. Les militantes juives sont chassées des manifestations féministes et les violences sexuelles du 7 octobre sont niées par celles et ceux qui les dénoncent partout ailleurs. Je me trompe où ça commence à faire beaucoup ?

Coup pour coup

Il est temps de se réveiller. Il faut exiger des Magnette, des Prévôt, des Rousseau, qu’ils disent qui, après le cessez le feu qu’ils réclament, va désarmer le Hamas et l’écarter du pouvoir dans l’état de Palestine qu’ils veulent reconnaître ? Le président Abbas ? L’ONU ? Le Qatar ?  Comment sera organisée l’aide alimentaire si Israël quitte Gaza ?  Si le président Abbas organise les premières élections palestiniennes depuis 2006, qui va empêcher le Hamas de s’y présenter et de s’y imposer ?  Il faut mettre les donneurs de leçon au pied du mur. Ils critiquent Israël depuis le 9 octobre. Il ne fallait pas bombarder. Il ne fallait pas d’opération terrestre. Il ne  fallait pas demander aux Gazaouis de s’éloigner des zones de combat. Il ne fallait pas attaquer Rafah. Il ne fallait pas occuper le corridor de Philadelphie. Il ne fallait pas critiquer l’UNWRA. Il ne fallait pas réorganiser l’aide alimentaire pour éviter que le Hamas s’en empare. Il ne faut pas boucler Gaza City. A chaque pas, « il ne faut pas ! » Israël a le droit de se défendre, bien sûr. Et les otages doivent être libérés, ça va sans dire. « Mais il ne faut pas ! » Il ne faut surtout pas. Et dans la foulée, avertissements, menaces, sanctions. Mais qu’auraient-ils fait, eux, à la place des Israéliens ? Pas comme Netanyahu, crient-ils en chœur.  Très bien, c’est ce que dit aussi l’opposition israélienne. Or, ils ne la soutiennent pas ! Même les Démocrates de Yair Golan issus du Meretz et du Parti Travailliste, ils ne les soutiennent pas. Ils ont totalement laissé tomber la gauche israélienne. Alors comment aurait-il fallu faire ? Dites-nous tout. Et là, plus de réponse. Abonnés soudain absents. Silence radio.  « Je ne t’entends plus Maman, j’ai plus de réseau ».

Et d’ailleurs qu’ont-ils fait?

Oui, pendant qu’ils critiquaient Israël, qu’ont-ils fait pour affaiblir le Hamas ? Qu’ont-ils fait pour faire libérer les otages ? Qu’ont-ils fait pour mettre les Gazaouis à l’abri des combats ? Qu’ont-ils fait pour contrer la désinformation quotidienne du Hamas ? Qu’ont-ils fait pour soutenir Israël sous le feu du Hezbollah ? Qu’ont-ils fait pour exiger que la FINUL fasse ce pourquoi elle est au Liban depuis 1978 ? Qu’a-t-il fait Maxime Prévot, ministre des affaires étrangères, à part exiger des sanctions contre un état allié et partir au Moyen Orient pour approfondir un « dialogue stratégique »  visant à « lutter contre l’extrémisme violent », échanger les expertises en « médiation et résolution des conflits » et promouvoir  « le droit humanitaire , les droits des femmes et la prévention des violences sexuelles en zones de conflit » ? Waouh ! Bravo ! Et avec qui ce beau programme humaniste ? Avec le Qatar. Le Qatar ? Le principal bailleur de fonds du Hamas ? Oui, notre ami le Qatar. Le Qatar du Qatargate ? Oui, notre ami le Qatar.

On continue ? Non. Enough is enough. Nous devons nous faire entendre et ne plus rien laisser passer.

Les juifs à la nuque baissée, on a donné, c’est fini !

Créé en mars 2024 suite aux massacres du 7 octobre et à leurs répercussions en Europe, l’Institut Jonathas est un centre d’études et d’action contre l’antisémitisme et contre tout ce qui le favorise en Belgique.