Le 7 octobre, la Belgique et moi #3*
חי
Cecilia Naranjo
22 décembre 2025
Je me l’étais procuré quelques jours après le 7 octobre.
J’avais cherché sur internet, et y avais retrouvé une petite boutique découverte à Tel Aviv quelques années plus tôt, en un temps doré de plage, de soleil et de petites boucles d’oreilles qui brillent dans les vitrines.
Une semaine plus tard, je le recevais.
Et en le mettant, je me faisais la promesse de ne jamais le retirer jusqu’à ce que tous les otages vivants soient libérés.
Deux ans ont passé.
La dorure a terni, la chaîne s’est oxydée avec les douches quotidiennes, la sueur, le temps qui passe.
Par périodes ma peau réagissait à ce contact prolongé, des démangeaisons me réveillaient la nuit mais je me disais que ça, c’était supportable.
L’insupportable était ailleurs.
Moi je pouvais bien faire avec ce petit caillou dans la chaussure.
Et puis ma peau s’est habituée.
Quelques fois, j’ai hésité à le dissimuler sous mon pull, quand j’allais acheter un sandwich dans certains restos, quand je rentrais tard le soir en bus… comme lorsqu’on baisse subitement la voix dans certains lieux pour prononcer certains mots, certains noms.
Et puis non.
Deux ans ont passé.
Les otages qui étaient encore vivants sont revenus.
Je pourrais le retirer.
Vraiment ?…
Je n’en suis pas si sûre.
Créé en mars 2024 suite aux massacres du 7 octobre et à leurs répercussions en Europe, l’Institut Jonathas est un centre d’études et d’action contre l’antisémitisme et contre tout ce qui le favorise en Belgique.


