L’exil forcé des juifs et des chrétiens d’orient : un colloque de l’Institut Jonathas | 18 et 19 novembre 2024

Dans le contexte de désinformation qui baigne depuis le 7 octobre notre pays, il a paru urgent à l’Institut Jonathas d’organiser une première conférence portant sur la disparition des Juifs mais aussi des chrétiens d’Orient. N’oublions pas que le judaïsme et le christianisme sont d’abord des religions orientales. Avant 1948, on estimait qu’environ 850 000 Juifs vivaient dans les pays arabes, contre 6 500 aujourd’hui. 99 % des Juifs du monde arabe ont ainsi pris le chemin de l’exil. Quelques statistiques s’imposent pour mesurer l’ampleur de la saignée.

Les Juifs étaient particulièrement nombreux dans des pays comme l’Irak, l’Égypte, le Yémen, le Maroc et l’Algérie. En Irak, où fut rédigé le Talmud, il reste aujourd’hui moins de 10 Juifs contre 140 000 en 1945. Au Maroc, la communauté juive comptait encore quelque 250 000 âmes dans les années 1950, il en reste aujourd’hui environ 2 500. Ils s’étaient pourtant installés au dans l’ensemble du Maghreb bien avant l’invasion arabo-musulmane. En ce qui concerne les chrétiens d’Orient, la diminution est moindre mais tout aussi significative. Voici quelques statistiques sur leur évaporation progressive : en Syrie, avant la guerre civile, il y avait environ 1,5 million de chrétiens. Aujourd’hui, leur nombre est estimé à environ 500 000. Idem en Irak, où la population chrétienne est aujourd’hui d’environ 250 000 contre 1,5 million il y a 20 ans.

Ces chiffres témoignent d’une diminution drastique des populations juives et chrétiennes dans l’ensemble des pays du Moyen-Orient. Les causes de ces départs sont multiples : la montée du nationalisme arabe, puis celle de l’islamisme, la xénophobie systémique, etc.

Cette question de l’exil des Juifs et des chrétiens d’Orient est aujourd’hui largement occultée. Elle est pourtant centrale pour quiconque veut comprendre les dynamiques sociales, politiques et culturelles qui traversent aujourd’hui le Proche et le Moyen-Orient. À travers les siècles, ces communautés ont contribué de manière significative à la richesse et à la diversité de la civilisation orientale puis arabe. Leur quasi-disparition soulève des questions essentielles sur le pluralisme et les droits des minorités dans le contexte actuel du Moyen-Orient.

Organiser une conférence pour aborder cette problématique est donc essentiel pour sensibiliser et ouvrir le débat sur le pluralisme et la coexistence des minorités nationales et religieuses dans la région. L’Institut Jonathas a déjà reçu des réponses positives et enthousiastes de la plupart des éminents spécialistes universitaires pressentis. Les débats s’annoncent d’ores et déjà passionnants.

 

Intervenants confirmés

Sylvain Abitbol est né à Casablanca, au Maroc qu’il a quitté en 1967 pour le Québec. Ingénieur en télécommunications, il a occupé et occupe toujours des hautes fonctions au sein de la communauté juive canadienne. Sylvain Abitbol est devenu président de la Fédération juive de Montréal en 2004. Depuis 14 ans, il est co-président mondial de l’ONG Justice pour les Juifs des pays arabes, qui a travaillé pour obtenir le statut de réfugiés pour les Juifs des pays arabes.

Georges Bensoussan, né à Ahfir, au Maroc, est un historien français spécialiste de l’histoire culturelle de l’Europe des XIXe et XXe siècles, et notamment des mondes juifs arabes. Ses travaux portent également sur la Shoah et les articulations entre histoire et mémoire. Il a été rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah, responsable éditorial au Mémorial de la Shoah à Paris.

Paul B. Fenton, est un orientaliste arabisant et hébraïsant contemporain, professeur au Département d’Études arabes et hébraïques de l’Université Paris-Sorbonne. Il est spécialiste des rapports entre l’islam et le judaïsme, notamment dans les domaines de la philosophie, la mystique et la musique, à travers les liens entre la kabbale et le soufisme.

Stefan Goltzberg, professeur à l’ULB. Il travaille sur la théorie du droit en général ainsi que sur le droit talmudique et la philosophie juive. Sa recherche sur le raisonnement juridique comparé est au croisement de l’histoire des idées linguistiques et des idées juridiques.  Il a enseigné notamment au Collège d’Europe, à la Sorbonne et à l’École Normale de Magistrature.  Il intervient dans des séminaires en français, anglais et hébreu.

Joël Kotek, né en 1958 à Gand, est professeur émérite des Universités et spécialiste des violences de masse au XXe siècle. Il préside l’Institut Jonathas.

Daniel Sibony, né à Marrakech (Maroc) est un mathématicien, philosophe et psychanalyste français. Il a soutenu une thèse de doctorat d’État en mathématiques intitulée Travaux sur la théorie du potentiel. Il a enseigné à l’université Paris-VIII jusqu’en 2000. Formé à la psychanalyse par Lacan, il a animé, de 1974 à 2015, un séminaire de psychanalyse à l’université Paris-VIII.

Charles Small, docteur en Sciences politiques d’Oxford, est le fondateur et le directeur de l’ISGAP (Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy). Il est aussi à l’origine de l’initiative de créer au sein de l’université de Cambridge (UK), un Centre interdisciplinaire d’études de l’antisémitisme.

L’Institut Jonathas a été créé en mars 2024 à Bruxelles suite aux massacres du 7 octobre et à leurs répercussions ici en Belgique. C’est un centre d’études et d’action contre l’antisémitisme et contre tout ce qui le favorise en Belgique.