Le retour du Juif infanticide : quand la caricature ressuscite les tropes antisémites médiévaux
Joël Kotek, historien et président Institut Jonathas
05 août 2025
La séquence génocidaire déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas n’a pas seulement engendré une catastrophe humanitaire de grande ampleur, elle a également servi de détonateur à une libération de la parole antisémite dans des proportions et sous des formes que l’on croyait reléguées aux marges les plus extrêmes de l’espace public occidental. Bien au-delà des slogans violents ou des propos haineux épisodiques, ce sont des tropes antisémites pluriséculaires – que l’on pensait à jamais disqualifiés par leur association historique avec la Shoah – qui opèrent aujourd’hui un retour tonitruant dans le débat public, et ce jusqu’au sein des médias les plus respectés. Au centre de ces motifs éculés, celui du Juif tueur d’enfants, buveur de sang et figure surnaturelle du mal refait surface. Le Juif (certes déguisé en sioniste), n’apparaît plus comme citoyen, soldat ou acteur politique, mais comme incarnation du mal absolu. L’imagerie du vampire, du sacrificateur, du boucher – jusque-là instruments de la propagande nazie, des pamphlets d’extrême droite, de la rhétorique de l’ultra-gauche radicale et des médias arabo-musulmans les plus haineux – refleurit aujourd’hui… dans la presse grand public européenne.
Quand Humo rejoue Le Stürmer
L’un des exemples les plus inquiétants de cette résurgence est donné par une caricature publiée le 31 juillet dernier par le magazine flamand Humo (n° 4430). Le dessin représente un boucher israélien/sioniste/juif (?) abattant « à Gaza (des enfants palestiniens) sans étourdissement ». L’image est antisémite par son titre, « l’abattage sans étourdissement » faisant clairement allusion à l’abattage rituel juif désormais interdit sur le territoire flamand.
Elle l’est aussi par son visuel : le cadavre sanguinolent d’un enfant palestinien entouré d’enfants terrorisés parce que promis au même traitement que leur petit congénère : l’abattoir. Elle l’est enfin par son commentaire, lequel ne laisse place à aucune espèce d’ambiguïté :
« Le 7 octobre 2023, Israël envahissait Gaza. Le reste appartient à l’histoire horrible, à un présent glaçant. Et à l’avenir, car le génocide se poursuit sans relâche. »
Vous avez bien lu, selon Humo, c’est Israël, et non le Hamas, qui aurait déclenché la guerre du 7 octobre. Et que ce commentaire inclue une formule aussi explicite que « le reste appartient à l’histoire » n’a rien ici d’anodin puisque c’est aux accusations moyenâgeuses de crime rituel juif qu’il est fait ici allusion. Pardi!
L’image et le sang : archéologie d’un trope antisémite
Le rapprochement avec le mythe médiéval du libelle de sang, à savoir de la pratique juive de l’infanticide, est plus qu’évident : il saute aux yeux. Le nier relève de la pure mauvaise foi. En témoignent ces quelques exemples.
Quelques exemples parmi des centaines d’accusation d’infanticide juif : Allemagne (XVe.), Allemagne (XVIIe.), Pologne (XVIIème s.), Pologne (XIXème s.),Pologne (XVIIè), France (1938)
L’accusation de crime rituel, signalée dès le Ier siècle de notre ère dans l’Egypte païenne, s’enracine dans la chrétienté occidentale à partir du XIIe siècle, pour culminer, au XXe siècle, dans des épisodes comme celui de Kielce où, dans la Pologne d’après-guerre (1946), 42 survivants de la Shoah furent massacrés par une foule fanatisée, au motif qu’ils auraient enlevé un enfant polonais dans le but de le sacrifier. Ce type de délire aux conséquences meurtrières et censé être d’un autre temps, ressurgit donc aujourd’hui tel qu’en lui-même, faisant appel aux mêmes codes graphiques que ceux du Stürmer, dans un magazine culturel belge.
Le fait ne tient évidemment pas au hasard, antisémitisme secondaire oblige.
Antisémitisme secondaire : une culpabilité refoulée
Le concept d’antisémitisme secondaire fait référence à une haine des Juifs non pas malgré Auschwitz, mais à cause d’Auschwitz. Il ne s’agit pas là d’une simple figure de rhétorique mais d’un mécanisme psychologique cohérent consistant à transformer sa propre culpabilité à l’égard des Juifs en ressentiment accusatoire. En ce sens, nazifier Israël permet à bon nombre d’héritiers de la collaboration, ainsi qu’à leurs enfants et petits-enfants, de se libérer du poids mémoriel de la Shoah. Rappelons que 67 % des Juifs de Flandre furent exterminés dans un climat de collaboration indéniable. La guerre à Gaza offre, dans ce contexte, un prétexte idéal à une condamnation vertueuse de l’État juif puisqu’elle se fait au nom des droits humains.
1) Affiche pour le film antisémite « Le Juif éternel ». Sa projection à Anvers le lundi de Pâques 1941 précipita le seul pogrom en Europe occidentale. 2) caricature du père de la BD flamande Willy Vandersteen alias Kaproen dans la brochure « Zóó zie Brussel de Dietsche Militanten », 1942.
Comme l’écrivait, avec une amertume prophétique, Vladimir Jankélévitch : « Et si les Juifs étaient eux- mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Au Nord de la Belgique, cette calomnie l’est assurément comme en témoignent les dérapages répétitifs des caricaturistes flamands. Deux petits exemples.
Deux caricatures de Gérard Alsteens (Gal) qui auraient pu être primées au concours négationniste de Téhéran. La première carte géographique a été couronné, en juin 2025, caricature de l’année 2024. Commentaire du SOIR : « Gal est le Grand Prix, « ex aequo » avec Lectrr, de la 25e édition du Press Cartoon Belgium. Sur sa carte géographique, le seul point d’entrée de la bande de Gaza toléré par le gouvernement israélien épouse l’image génocidaire des portes du camp d’extermination d’Auschwitz. » Cet auteur négationniste multirécidiviste est Dr honoris causa de la Vrije Universiteit of Brussel (VUB).
Le dessin de Humo, affublé du titre glaçant « Abattage sans étourdissement », illustre à merveille ce mécanisme d’auto-disculpation. Ce dessin, qui affirme qu’Israël tue volontairement des enfants – cibles désignées d’un génocide en cours–, n’est pas une simple provocation. C’est une reprise, consciente ou inconsciente, d’un imaginaire chrétien millénaire et d’une culpabilité envers les Juifs rarement assumée. Le thème de l’ogre juif, du Juif infanticide, du Juif sanguinaire : autant de figures du répertoire antisémite européens et désormais arabo-musulman.
L’accusation de génocide et d’infanticide est récurrente dans le monde arabe depuis 1982. La première caricature est égyptienne et date de 2000, la seconde qatarie (2002), la troisième koweitienne (avril 1988), la quatrième palestinienne (2003). Toutes bien avant la présente guerre de Gaza.
L’habitude qui consiste à dépeindre les Juifs comme des ogres et des vampires, colle, tel le sparadrap du capitaine Haddock, à l’inconscient collectif de l’Occident chrétien. Ces clichés sont si bien ancrés dans la psyché meurtrie de l’Occident, qu’à la moindre occasion, et le conflit israélo-palestinien offre en permanence de telles occasions, ils ressurgissent avec force et férocité : carricatures dévoyées, points de vue outrés et insultants, diabolisation de tout une nation et de tout un peuple.
Et même quand la machine s’emballe et qu’elle devient folle, personne ne fait mine de s’en affecter…
De quoi la caricature d’Humo est-elle le nom ?
Or la vérité, même si personne ne veut la voir, est qu’Humo a bel et bien franchi une nouvelle ligne rouge : celle qui sépare la critique légitime d’un gouvernement – et Israël, comme toute démocratie, peut et doit être critiqué – de la réactivation de stéréotypes aussi anciens que répugnants. Notre souci n’est pas de défendre la personne ou la politique de M. Netanyahou. Loin de là… Il s’agit de dénoncer une mécanique implacable : dès qu’il est question d’Israël (et non de la Russie, de la Chine, du Soudan, de la Syrie et bien sûr de la Palestine), les pires accusations refleurissent : les dirigeants d’Israël sont des monstres avides de sang ; les Juifs sont leurs complices ; ils réendossent leurs oripeaux anciens et momentanément rangés au magasin des accessoires, ceux de la Bête. L’accusation de génocide, on l’aura bien compris prend ici le relais de l’accusation de déicide et d’infanticide. Dans les sociétés chrétiennes, on reproche aux Juifs d’avoir tué le Christ. Dans les sociétés sécularisées, on les accuse d’exterminer un peuple entier. Dans un cas comme dans l’autre, les coupables juifs doivent être moralement bannis et exclus de la communauté des hommes. Cette rhétorique du bannissement et de l’exclusion ontologique est au cœur du travail de sape continu des médias belges, qu’ils soient néerlandophones ou francophones. L’antisémitisme, qu’on ne l’oublie pas, repose toujours sur une inversion du réel. La véritable séquence génocidaire du 7 octobre 2023, fut provoquée par le Hamas et ses alliés. Or, rappelons-le, c’est à Israël, victime de ladite séquence, que le magazine impute ce crime terrible. « Le 7 octobre, y est-il écrit, Israël envahissait Gaza. » Ce n’est pas là seulement une erreur factuelle, c’est une négation délirante des faits : ce jour-là, plus de 1.200 civils israéliens furent massacrés, mutilés, violés et brûlés, parmi lesquels des bébés, mis en pièces par les commandos du Hamas. Le paradoxe n’est qu’apparent puisque, on ne le sait que trop, dans l’imaginaire antisémite, peu importe la réalité: le Juif est toujours coupable. Même victime, il est bourreau, et ce renversement tient du paradigme.
A cet égard, le correctif apporté par Humo n’arrange rien. On y lit :
« Correction – Dans le numéro 4430 de HUMO, la rédaction a publié une légende accompagnant le tableau de Kama & Seele, qui débutait par la phrase : “Le 7 octobre 2023, Israël a envahi Gaza.” Cette affirmation est factuellement incorrecte : le 7 octobre, c’est le Hamas qui a lancé une attaque, à laquelle Israël a répliqué le jour même par des frappes aériennes. »
Ce démenti est minable, sinon risible : « Désolé les gars, ce ne sont pas les Polonais qui ont attaqué l’Allemagne en septembre 1939 ! ». Qu’en pense M.Van Thilo ?
Humo, un média antisémite ?
Humo doit-il être qualifié de média antisémite ? La question mérite d’être posée, eu égard aux messages antisémites répétés– et à peine subliminaux – que mois après mois, délivre cette publication. Ce qui est certain, c’est qu’Humo a publié une caricature digne du Stürmer, l’hebdomadaire HUMO-ristique nazi, qui diffusa lui aussi jusqu’en 1945 des images de Juifs infanticides. On rappellera que son directeur, Julius Streicher, bien qu’il n’ait pas personnellement participé à l’exécution du génocide, fut condamné à mort à Nuremberg. Tous les crimes de sang commencent par des crimes de plume et d’encre. Loin de nous l’idée de vouloir planter un couteau dans la gorge de ses responsables et actionnaires. Nous ne sommes pas des Brusselmans.
Le plus glaçant dans cette affaire est qu’Humo ne présentera aucune excuse et ne sera pas sanctionné. Dénoncer l’ogre sioniste est au contraire des plus gratifiants dans le plat pays belge. L’impunité des antisémites apparaît totale. Au nom de la satire (?), tout est permis dès qu’il s’agit (il est vrai) des seuls Juifs – même l’incitation au meurtre. Inutile de revenir sur l’acquittement de Herman Brusselmans qui, dans ce même média, promettait de planter un couteau dans la gorge de chaque Juif rencontré. Parions plutôt que Brusselmans (un vrai boucher en puissance) et les deux compères Kama & Seele seront honorés assez tôt d’un diplôme de Docteur Honoris Causa de quelques belles universités flamandes et/ou iraniennes. Le prix de la caricature 2025 semble d’ores et déjà acquis à nos deux illustrateurs. Rappelons-le avant de poursuivre : tout crime contre l’humanité est nécessairement précédé de messages et d’images de haine.
Le sang des Juifs : une rhétorique antisémite qui renaît en Belgique
L’antisémitisme n’est pas seulement une haine ou une opinion : c’est une syntaxe, une manière codée d’assigner et de représenter le mal. Ce lexique hérité du Moyen Âge chrétien, réactualisé par la modernité politique, nourri d’imaginaires sacrificiels, d’obsessions sanglantes, de fantasmes de domination, s’il s’est longtemps caché, n’a jamais disparu. Il s’agit d’un feu qui couve et qui n’attend que son heure pour se raviver… La scène change, le script reste le même, jusque tout récemment dans la presse francophone.
« La défense de la race » Italie fasciste 1941 ; L’assassinat de Gertrude Lenhoff 10 ans, Stürmer 1937
Le mythe du sang colle à la peau des Juifs ; Le leader bolchevik Trotski dépeint dans l’hebdomadaire d’extrême-droite Kladderadasch et couverture du Protocoles des Sages de Sion en espagnol (1930)
Les premiers ministres israéliens sont des vampires qui aiment le sang Jordanie 2000 (Barak) et 2006 (Olmert) et Belgique (Netanyahou) ; Dubus, le 20 juin 2025 dans la Libre Belgique
Conclusion :
L’icône de l’inhumanité : le Juif boucher, figure de l’antisémitisme postmoderne rouge, brun, vert
Le message diffusé par Humo est tout sauf neutre. Il mobilise une grammaire ancienne, bien rodée. Le trope du « Juif boucher » est particulièrement révélateur. Il revient sous différentes formes, comme dans cette caricature de Ralph Soupault– dessinateur communiste passé à la collaboration – représentant un Juif armé d’un couteau dans un abattoir.
Soupault, Au pilori, 27 septembre 1940. Un boucher juif, au tablier maculé de sang, se frotte les mains au seuil d’un étal où pendent deux crucifiés. Le dessin a pour légende : « viande kasher… qui rapporte gros et ne coûte pas cher ».
Le Juif du Juif boucher est particulièrement prisé dans la presse arabe et ce, depuis plus de 40 ans.
La première caricature est égyptienne (2004). Les deux autres palestiniennes (2002 et 2001) ; La caricature d’en bas (2001) est tirée du site officiel de l’Autorité palestinienne.
L’affiche du bas éditée en 2002 par l’Union des Etudiants palestiniens et une association d’étudiants de l’Université de San Francisco démonte les liens directs entre antisionisme et antisémitisme : l’enfant palestinien est clairement décrit comme avoir été « abattu selon les rites juifs ». Il en est de même sur le dessin d’en haut, réalisée par Eric Buzin, un proche du fasciste français Alain Soral. La grammaire est purement antisémite : « le bétail est abattu … comme le veut le Talmud ».
On se souvient enfin qu’un boucher juif de Londres fut un temps soupçonné d’être… Jack l’Éventreur. Cette obsession n’est pas innocente. Elle inscrit le Juif dans un imaginaire de cruauté, de chair, de sang, de mutilation.
Enfin, dans le cas du dessin publié par Humo, on peut légitimement s’interroger sur le tableau pastiché par Kama & Seele. Il s’agit d’une œuvre du peintre français Victor Gabriel Gilbert représentant un… «boucher » … « barbu » … « vêtu de bleu ». Coïncidence, allusion dissimulée ou renvoi inconscient à Georges-Louis Bouchez, président du parti libéral (MR), aujourd’hui pris pour cible en raison de sa position nuancée et équilibrée sur le conflit du Moyen-Orient ? Clin d’œil ironique ? Ruse graphique ? Allusion perfide ? Retour du refoulé ? La question mérite d’être posée. Car l’image, ici encore, n’est pas neutre. Elle s’inscrit dans une logique d’accusation rituelle. Il nous faut souligner ici que la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), adoptée par le Sénat belge, rappelle qu’un non-Juif peut être victime d’antisémitisme – s’il est perçu comme « enjuivé ». Le harcèlement visant Georges-Louis Bouchez, en est une illustration éclatante et ce, bien avant le 7 octobre comme en témoignent ces trois montages photographiques postés sur le site islam-chrétien.be où Georges-Louis Bouchez, comme d’ailleurs Sophie Wilmès, fut associé au COVID 19, à la nourriture Hallal et, comme de bien entendu, à Israël. Comprenne qui pourra. Comme le démontra au sortir de la guerre Jean-Paul Sartre dans son ouvrage sur la question juive qui reste incontournable : l’antisémitisme est d’abord affaire de passion.
A la menace judéo-bolchévique succède ainsi le péril judéo-libéral. On lit, sous la plume d’Emmanuel Colbrant, un illuminé passé du socialisme au catholicisme et puis tout récemment à l’Islam (2024) : « Les plus grands communistes étaient juifs, alors le MR toujours fiers de soutenir Israël ? » (sic). A l’évidence, les positions du MR sont suspectes et ce, même dans la presse mainstream. Tout récemment, Le Soir s’interrogeait sur les raisons de G-L. Bouchez de ne pas reconnaître immédiatement l’État de Palestine. L’explication la plus logique – exiger en préalable le retrait du Hamas, un mouvement islamofasciste qui sacrifie sa propre population à l’autel de son idéologie mortifère – est à peine évoquée. Faut-il rappeler que son parti soutient la solution à deux États. Le journaliste du Soir privilégia la piste du calcul électoral, sinon de l’influence juive. Cette hypothèse a-t-elle le moindre sens commun si l’on songe que les Juifs représentent… 0,27 % de la population totale belge et qu’il y aurait au maximum 3.000 Juifs en Terre wallonne. Un sacré lobby en perspective. Poser la question c’est y répondre. Ce harcèlement, ces insinuations ne relèvent pas de simples désaccords politiques : ils s’inscrivent dans une logique inconsciente de stigmatisation et de diabolisation.
Kroll, 1) Le Soir, 13 juin 2025. Qui a enclenché le cycle de violence le 7 octobre 2023 : Israël ou le Hamas qui semble, par définition toujours innocent 2) le 1er août 2025. A l’évidence en Belgique, s’opposer au Hamas à l’exemple de Bouchez suppose d’être inféodé à Israël. Mais qui est responsable de la palestinisation de la vie politique belge ? Bouchez ou plutôt Rousseau qui veut se refaire une virginité après ses sorties ouvertement racistes, notamment à l’encontre des Roms ? L’antisionisme est aujourd’hui en Belgique pour la gauche en quête de voix musulmanes, une resucée de la politique du moindre mal, une variable d’ajustement.
Et les images qui le nourrissent ne sont pas que des mots ou des dessins : ce sont des appels – implicites ou explicites – à l’exclusion, à la déshumanisation qui préparent souvent au pire. Surtout pour les Juifs, tradition oblige.
Joël Kotek
Oxford- Bruxelles, le 1er août
NB : En Flandre, paradoxe des paradoxes, le seul parti qui paraît capable aujourd’hui d’assumer non sans extrême difficulté le passé collaborationniste d’une partie du mouvement flamand – autrement dit, de pouvoir surmonter à terme le complexe d’Auschwitz – est la N-VA. Ce parti est pourtant l’héritier direct du nationalisme flamand, dont une frange importante s’est compromise dans la collaboration avec le régime nazi. Mais à l’image de l’Église catholique qui opéra sa mue voilà plus de 60 ans (Vatican II), la N-VA, sous l’impulsion de Bart De Wever, semble amorcer sa propre réforme mémorielle : non pas en effaçant ou en minimisant le passé noir, mais en le confrontant avec plus de lucidité, non sans difficulté nous l’avons dit. La NVA compte de nombreux contempteurs d’Israël -et non des moindres, antisémitisme secondaire oblige. Le refus du ministre président de la communauté flamande, Matthias Diependaele, de souhaiter les vœux de nouvelle année à la communauté juive témoigne de l’épaisseur d’une culpabilité toujours bien refoulée. (15 août).
Créé en mars 2024 suite aux massacres du 7 octobre et à leurs répercussions en Europe, l’Institut Jonathas est un centre d’études et d’action contre l’antisémitisme et contre tout ce qui le favorise en Belgique.




















