Mahmoud Abbas, négationniste multicartes
Richard Prasquier
(membre du comité d’honneur de l’Institut Jonathas)
1er mai 2025
Il est un peu plus âgé que le Pape François qu’il a rencontré à plusieurs reprises. Comme lui il dirige un Etat qui n’en est pas un, comme lui il aura un successeur après sa mort. Là s’arrêtent les ressemblances: il n’y aura ni conclave, ni fumée blanche. Mahmoud Abbas, recordman mondial du plus long mandat présidentiel de quatre ans, vingt et un ans actuellement, a indiqué qui le remplacera à la tête de l’Autorité Palestinienne: ce sera son collaborateur le plus proche, Hussein al-Sheikh, dont plusieurs journaux occidentaux vantent déjà la modération et les relations avec Israël. Palestinian Media Watch nous met en garde. L’homme est un partisan fervent défenseur du programme Pay-for-Slay qui a transformé pour certaines familles palestiniennes le meurtre d’Israéliens en investissement productif tout en accusant les Israéliens de laisser mourir leurs prisonniers faute de soins, une déclaration qui a dû aller droit au coeur des neurochirurgiens qui en leur temps avaient opéré Yahia Sinwar de sa tumeur cérébrale.
Hussein al Sheikh avait déclaré qu’il était un admirateur du Hamas.
Cette admiration, c’était avant la récente sortie de Mahmoud Abbas, qui le 24 avril a traité les dirigeants du Hamas de «fils de chiens» parce qu’ils ne voulaient pas libérer les otages.
Certains se félicitaient de son discours soi-disant humaniste alors que cet homme n’a jamais émis de critique sur les massacres du 7 octobre et que le reproche qu’il fait au Hamas n’est pas d’avoir pris des otages, mais d’avoir de ce fait donné un prétexte aux Israéliens pour intensifier ses opérations militaires dans la bande de Gaza et faire un génocide.
Sur le génocide, d’ailleurs, Abbas est un expert. Après deux ans passés à l’Université Lumumba de Moscou, réservée aux étrangers, il a reçu en 1974 le titre de Docteur, dont il aime s’affubler, pour une thèse portant sur la relation entre les sionistes et les nazis, dans la ligne de ce que les Soviétiques appelaient lors «l’antisionisme scientifique». Cette thèse n’a jamais été publiée, mais on en connait le contenu par un livre édité en 1984 en arabe sous le titre « L’autre face des relations secrètes entre le nazisme et le sionisme » livre dont la couverture présente deux soldats côte à côte: l’un avec la croix gammée, l’autre avec l’étoile de David.
Les sionistes ont été les complices des nazis et s’ils n’ont pas été jugés à Nuremberg c’est que les Juifs contrôlent les médias. Quant à Eichmann, il a été enlevé parce qu’il menaçait de faire des révélations sur ses négociations avec les sionistes. Les historiens sérieux sont d’accord avec cette vision des choses, en particulier le célèbre professeur Faurisson. Les assassinats de Juifs évidemment pas six millions bien entendu, et pas dans des camps où les gaz ne servaient qu’à éliminer les microbes, mais quelques centaines de milliers, sont bien, a dit Abbas en 2014, le plus grand crime de l’histoire. On a cru qu’il avait répudié le négationnisme de sa thèse. C’était faux, car autour de lui il accusait les sionistes d’être responsables de ce crime qui leur permit d’obtenir un Etat sur le dos des Palestiniens.
Ce n’est pas d’ailleurs qu’il prenne les Juifs assassinés pour des victimes innocentes: en 2018 et plusieurs fois depuis, il a déclaré que la persécution des Juifs n’était pas due à l’antisémitisme, mais à leur rôle néfaste dans la société. Enfin, en 2022, face au chancelier allemand Olaf Scholz, il a déclaré qu’Israel avait commis « 50 holocaustes » contre les Palestiniens depuis 1947. Anne Hidalgo lui a alors retiré la médaille de la ville de Paris. Si Abbas n’est pas aujourd’hui un négationniste de la Shoah de la pire espèce, je ne sais pas qui l’est.
Mais ce négationnisme ne se limite pas à la Shoah.
En 2023, Mahmoud Abbas a déclaré que les Juifs ashkénazes n’avaient rien à voir avec les anciens Hébreux et qu’ils étaient les descendants des Khazars un peuple turco-mongol d’Asie centrale dont une partie s’était convertie au judaïsme, au VIIIe siècle. C’était une thèse que l’écrivain Arthur Koestler avait défendue il y a cinquante ans, avec quelques difficultés pour expliquer pourquoi ces descendants de mongols s’étaient mis à parler yiddish. C’est aussi une thèse que défend Shlomo Sand dans son trop célèbre livre de 2008 «Comment le peuple juif fut inventé». Ce qui pouvait être discuté il y a quelques années ne peut plus l’être aujourd’hui devant l’accumulation de données génétiques qui confirment l’origine au Moyen Orient des Juifs ashkénazes. Mais Mahmoud Abbas n’a cure des travaux qui ne confirment pas ses préjugés.
Le 23 avril 2025, dans le même discours où il s’en est pris au Hamas, Mahmoud Abbas, vitupérant les risques que les Israéliens faisaient courir à la mosquée Al Aqsa, a prétendu que les vrais lieux du judaïsme antique se trouvaient au Yémen. Quand j’ai appris cette déclaration un souvenir m’est revenu à la mémoire.
En 2010, j’ai longuement rencontré Mahmoud Abbas. La première phrase que je lui ai dite était la suivante: «Monsieur le Président, votre chef de cabinet a déclaré la semaine dernière que les Juifs n’ont aucun lien historique avec Jérusalem. Ne pensez-vous pas qu’il serait souhaitable d’annoncer que votre collaborateur s’est mal fait comprendre?»
Mahmoud Abbas répondit en bottant en touche. Je n’ai pas insisté, pensant qu’il ne voulait pas critiquer son collaborateur devant un étranger et la conversation porta sur le thème de l’occupation…..
J’avais manqué le principal, tellement il était énorme: Abbas cherchait à insinuer vraiment l’idée que Jérusalem n’avait rien à voir avec les Juifs.
Jérusalem se trouverait donc au Yémen. J’ai cherché à savoir d’où venait cette aberration.
Un dénommé Kamal Salibi, professeur à l’Université américaine de Beyrouth a écrit en 1985 que les lieux juifs bibliques se trouvaient en Arabie . Sa thèse reposait sur des proximités, très banales, de noms de lieux-dits arabes et des noms de Jérusalem, Hébron et Bethléem. Le livre a été démoli par les quelques spécialistes qui l’ont lu, mais il a apparemment continué un travail de sape souterrain.Le docteur Abbas, dont la précision n’est pas le fort, confond entre le sud du Yémen, où a existé un royaume juif et le sud de l’Arabie Saoudite, l’Asir, dont parle M. Salibi. Mais qu’importe!
Mahmoud Abbas dirige une organisation corrompue, inefficace et détestée. Mais dans le monde des vérités alternatives et du complotisme antisémite, il peut se prévaloir d’une ancienneté et d’une ténacité impressionnantes.
Rien qui lui permette de réclamer l’administration de Gaza.
Et encore moins rien qui lui fasse mériter le qualificatif d’homme de paix……
L’enterrement de la famille Bibas a uni le pays dans l’émotion. Des milliers d’Israéliens s’alignaient sur la route du cortège entre Tel Aviv et le cimetière de Nir Oz où Shiri, Ariel et Kfir furent enterrés dans le même cercueil. Ils seront physiquement unis et pour tous ceux qui gardent l’image de Shiri enserrant ses deux enfants dans ses bras au moment de son enlèvement, il ne saurait en être autrement. Le terroriste du Hamas qui a filmé la scène, comme le soldat nazi qui a photographié le petit garçon du ghetto de Varsovie, ont signé eux-mêmes la condamnation la plus explicite de leur idéologie barbare.
Dans un discours d’une déchirante simplicité, Yarden Bibas s’est accusé de n’avoir pas su les sauver et a supplié son épouse de le protéger de lui-même.: תשמרי עליי מפני עצמי (tichmeri al mipnei atzmi) Il a imaginé que ses deux fils «gingy», les deux rouquins, que l’on voit toujours rieurs sur les videos familiales, s’amusaient avec les anges, là-haut au-dessus des nuages…..
Il ne fait pas de doute que le souvenir de la famille Bibas va hanter la mémoire d’Israël.
Le monde a oublié l’assassinat de sang froid, à Itamar, de la famille Fogel, le père, la mère et leurs trois enfants, en 2011. il s’agissait d’une implantation, cela a favorisé l’oubli. Les auteurs de ce crime horrible, les frères Awad, n’ont pas encore été libérés. Qu’en sera-t-il plus tard? Je pense qu’Israel est suffisamment fort pour libérer même des criminels pareils, si cela peut sauver des otages. Mais malheureusement, je pense aussi que, eux ou d’autres, les candidats ne manquent pas, attirés par le martyre et les récompenses qui vont avec. Nous les avons vus, enthousiastes et souvent très jeunes, lors des exhibitions d’otages par le Hamas.
C’est le résultat du martèlement idéologique exercé sur des enfants depuis plusieurs générations par les organisations terroristes sous le regard complaisant de l’UNWRA. Tant que les effets de ce martèlement n’auront pas été éradiqués, Israël ne pourra laisser aux Palestiniens une capacité de nuisance.
Il y a eu en Israël des personnalités admirables qui ont oeuvré à l’entente israélo-palestinienne. L’un d’entre eux s’appelait Oded Lifshitz, du même kibboutz Nir Oz que la famille Bibas.
C’est le quatrième cercueil du 20 février 2025.
Il avait 83 ans.Vétéran des guerres d’Israel il était de ceux qui faisaient le plus pour les Gazaouis. Cette proximité, le kibboutz l’a peut-être payée cher, car les terroristes en connaissaient les recoins. A l’enterrement de son mari, Yocheved Lifshitz a déclaré: «Nous avons combattu toute notre vie pour la justice et pour la paix. A ma grande tristesse, nous avons été frappés par ceux que nous avions aidés».
S’il y avait des Juifs israéliens qui soutenaient la Palestine, c’étaient les habitants de Nir Oz.
Les quatre cercueils nous le confirment: pour les Frères Musulmans et le Hamas, ce sont les Frères Musulmans, il n’y a pas de place pour des Juifs sur cette terre et pour certains d’entre eux, il n’y a pas de place pour les Juifs sur la terre tout entière, article 7 de la charte. Les Juifs en diaspora se demandent qui dans leurs relations va lutter contre cette conception du monde et qui va s’en accommoder sous prétexte «qu’il faut comprendre le contexte».
Je me rappelle ce mot de «contexte» auquel se référait Charles Enderlin quand, poussé dans ses retranchements par les contradictions factuelles, il accusait Tsahal d’avoir assassiné l’enfant Mohamed al-Dura, une affaire dramatique par ses conséquences datant d’il y a plus de vingt ans. Toutes les expertises indépendantes ont montré que c’était un mensonge mais Enderlin fut exonéré de sa diffamation pour de simples questions de procédure. Ce montage a malheureusement forgé une image du soldat Israélien tueur d’enfants qui s’est élargie au-delà des seuls faussaires du Hamas et dont , une génération plus tard, on perçoit les relents sous forme de crime rituel contemporain.
C’est cette diffamation que réalimente le petit Palestinien au keffieh dans la crèche. Il faut le dire et le redire, les enfants palestiniens morts sous les bombes israéliennes sont les victimes d’une guerre que le Hamas a voulue, dont il est fier et dans laquelle il a utilisé sa population comme un instrument de propagande. Les enfants Bibas, eux, ont été tués par préméditation et à mains nues, l’enquête médico-légale, dont les résultats détaillés ont certainement été adressés dans les services correspondants étrangers est formelle. Il est techniquement élémentaire de distinguer les effets d’un bombardement et ceux d’un étranglement, et finalement l’absence de controverse sur les conclusions de l’autopsie, en dehors de l’inénarrable Rima Hassan et de ses misérables complotistes associés, en dit long sur la réalité de ce crime impardonnable, même s’il ne faut pas croire que l’hypothèse mensongère d’un bombardement israélien ne sera pas reprise un jour ou l’autre.
Seuls les nazis ont justifié leurs crimes comme les tueurs et les imams du Hamas ont osé le faire et encore ne s’en sont-ils pas vanté à l’extérieur.
Quiconque ne voit pas la différence entre lc comportement des Israéliens, même si celui-ci ne relève pas tout le temps, malheureusement, d’un humanisme sans faille et celui des organisations terroristes palestiniennes, est gangrené par la confusion morale.
Il ne faut pas rêver: les effets de l’endoctrinement religieux puissant et continu du Hamas dès l’enfance, dont Michael Prazan montre dons dans son livre d’accablants exemples, ne disparaitront pas d’un revers de main ou d’une signature sur un morceau de papier: on devrait savoir aujourd’hui comme la déradicalisation est un processus incertain. Elle mettrait au mieux de longues années et personne n’en connait la formule magique. Au surplus, il ne s’agit pas uniquement de fanatisme religieux mais d’un terreau culturel de valorisation de la violence. Je me souviens de Oum Khalthoum chantant au Caire en mai 1967 «Egorge» à une population extatique………
En revanche, je n’ai entendu aucune déclaration de haine à l’enterrement de la famille Bibas. Bibas, dans l’espagnol qui confond le b et le v, c’est «vivas», la vie.
Lehaim….
Créé en mars 2024 suite aux massacres du 7 octobre et à leurs répercussions en Europe, l’Institut Jonathas est un centre d’études et d’action contre l’antisémitisme et contre tout ce qui le favorise en Belgique.