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Lettre à la direction de la librairie Club
29 avril 2025
Monsieur le Directeur,
Le jeudi 25 mars 2025, nous avons constaté la présence dans votre librairie d’un ouvrage qui ne se contente pas d’exprimer une opinion politique controversée, mais falsifie délibérément les faits, glorifie des crimes de masse et recycle des stéréotypes antisémites. Ce livre intitulé « Gaza, est-ce que vous nous voyez vraiment ? » de Mazen Kerbaj (Actes Sud BD), détourne le médium de la bande dessinée pour faire de la propagande primaire, brutale, délétère. Il présente l’attaque du 7 octobre 2023 — au cours de laquelle plus de 1.200 personnes ont été assassinés, parfois dans des conditions d’une barbarie extrême — comme un simple « forçage du blocus », niant la réalité du plus massacre de Juifs depuis la Shoah. Je cite : « Le 7 octobre 2023, le Hamas a forcé le blocus imposé à Gaza depuis 2007 par Israël » (sic). C’est un peu réducteur, non ? La question n’est pas que l’auteur défende la cause palestinienne (nous soutenons aussi leurs droits légitimes) mais qu’il présente les Israéliens sous des traits d’un âge qui conduisit à la Shoah. Les Israéliens sont présentés uniquement sous les traits de tueurs d’enfants de façon répétitive : je ne dois pas vous rappeler que le crime rituel a été, avec le crime de déicide, la pire accusation portée contre les Juifs pendant près d’un millénaire.
Plus encore, l’ouvrage contient des slogans tels que :
- « L’antisionisme est un devoir. » (en quoi ?)
- « La Palestine est la boussole morale du monde. » (vive les valeurs du Hamas ?)
- « Chambre à Gaza » (vraiment ?)
Ces formules ne relèvent pas d’un débat légitime sur le conflit israélo-palestinien, mais d’un discours de haine, de délégitimation totale d’Israël et de son existence. Ce type de rhétorique a été identifié par de nombreuses institutions intergouvernementales comme l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA), dont est membre la Belgique, comme relevant de l’antisémitisme contemporain, notamment lorsqu’elle nie le droit à l’autodétermination du peuple juif et diabolise systématiquement l’État juif. Tout comme les Palestiniens, les Juifs ont droit à un Etat souverain. Et non, les Israéliens ne commettent pas un génocide comme il est répété près de manière hypnotique dans la BD. Répéter mille fois un mensonge – pas plus la Cour Internationale de Justice (CIJ) que la Cour Pénale Internationale (CPI) – n’accréditent la thèse du génocide) n’en fait pas une vérité mais peut hélas inciter des gens influençable au meurtre. Ces présentations relèvent bien d’une falsification historique inacceptable. En diffusant un tel ouvrage dans vos rayons, votre enseigne participe, même involontairement, à la banalisation d’une propagande haineuse qui conduisit, voilà deux générations, à l’assassinat de la moitié des Juifs de Belgique.
Nous vous demandons en conséquence de procéder au retrait immédiat de cet ouvrage de la vente. Ce geste serait conforme aux valeurs de responsabilité et d’éthique que les librairies francophones se doivent de défendre dans un climat d’antisémitisme croissant.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de nos salutations distinguées.
Créé en mars 2024 suite aux massacres du 7 octobre et à leurs répercussions en Europe, l’Institut Jonathas est un centre d’études et d’action contre l’antisémitisme et contre tout ce qui le favorise en Belgique.